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Choisis ton camp camarade

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Après l’affaire Giboulot, je voulais quand même revenir sur un point qui me semble important et qui ressort régulièrement : on ne peut pas être à la fois tout et son contraire.

Il m’est arrivé fréquemment d’entendre parler de « presque bio », parce que les gens utilisent « très peu de pesticides ». On rencontre même le terme « biodynamie raisonnée » qui consiste à utiliser quelques préparâts biodynamiques tout en continuant d’appliquer aussi des pesticides au même endroit !

Eh bien non, on ne peut pas aller picorer çà et là ce qui nous arrange, au moins pour le discours et rester en phase avec chacune des voies.

On ne peut pas tout à la fois être avec ceux qui veulent pendre les patrons et souhaiter une économie de marché.

Pour le bio et les pesticides, c’est pareil !

La biodynamie, c’est de mettre le végétal au centre de nos préoccupations et de s’intéresser à son bien-être subtil.

Le conventionnel, c’est accepter d’utiliser des produits issus de la chimie. Ces substances vont tenter de tuer un organisme, décrété par nous comme étant pathogène. Pire encore, elles vont agresser le végétal et même en général pénétrer dans la sève et se disperser dans toute la plante, jusqu’à la moindre cellule. Un poison à petit feu qui va, traitement après traitement, année après année, affaiblir la plante jusqu’au moment où elle va finir par mourir.

Que dire aussi des champignons vivant en symbiose avec les racines de la plante et si utiles à son alimentation ? Eux-aussi auront droit à ces sirops de mort.

Que dire aussi de la flore et de la faune, macro et micro qui vivent dans la parcelle ? Ils vont mourir, plus ou moins vite et cela participera à détruire tous les cycles de vie qui permettent à un sol de vivre.

Le désherbant ? Il n’est jamais une bonne solution pour les sols ni pour les plantes qui y sont cultivées.

C’est certes plus pratique et plus économique, particulièrement pour entretenir sous les rangs de vigne.

Mais en aucun cas, le désherbage chimique peut être intégré dans un raisonnement de respect de l’environnement. Même en réduisant la largeur traitée au minimum, cela reste nuisible.

Remarquez que dans mon propos, je n’ai pas parlé des gens, agriculteurs, voisins ou consommateurs qui d’une façon ou d’une autre, consciemment ou inconsciemment, d’accord ou pas, vont être mis en contact avec des substances à tête de mort sur l’emballage.

Cela étant, dans la vie, il y a des moments où il faut se déterminer. Soit on est bio, soit on ne l’est pas. Mais il n’y a pas d’intermédiaire.

Pour la biodynamie, c’est la même chose mais à la puissance 10 !


On court partout

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Depuis quelques jours et surtout depuis ce week-end, on a dépassé le simple débourrement de la vigne en entrant rapidement dans la saison culturale.

Heureusement, pour le moment le beau temps est avec nous, ce qui n’était pas le cas les deux années précédentes.

Au contraire, le beau soleil nous a fait passer dans le vrai printemps chaud et donc la vigne répond à sa façon à elle en poussant fortement.

A la maison, c’est la course.

Il y a les incontournables commandes à préparer. Elles partent aux quatre coins du monde et nécessitent donc beaucoup d’attention dans les opérations préalables.

Jean-Michel me rappelle souvent que lorsqu’il est arrivé à Pontet-Canet, il y avait surtout deux conditionnements ; la capsule neutre pour l’export et la capsule CRD pour la France. Il y avait donc un stock tampon de chaque et les gens «tapaient » dans la pile pour honorer les commandes.
Depuis un quart de siècle, le monde a changé ! Les capsules, les palettes, les contre-étiquettes, les codes, les mentions légales,…

Bref, la concentration est de mise tout le temps.

A côté des caisses à préparer, ce qui nous préoccupe maintenant c’est l’herbe qui pousse elle-aussi. Profitant de réserves en eau confortables dans le sol, elle n’attendait que les premiers rayons de soleil pour se développer de manière exponentielle.

Chez nous, il ne s’agit pas de commencer aussi tôt le vrai travail du sol sous peine d’avoir à faire deux passages ; ce qui représente du temps et du carburant en plus.

L’idée est plutôt de contenir quelques jours de plus l’herbe avec des moyens économes dans ces deux critères importants.

Ensuite, on passera aux choses sérieuses.

Une trop grande présence d’herbe peut constituer un microclimat défavorable pour les risques de gel. Là-aussi, on est encore tôt dans la saison pour ne plus y penser…

Bref, il y a du pain sur la planche…

Pâques au tracteur

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Contrairement à ce que j’avais pu dire récemment, la temporisation avec l’herbe n’a été que de courte durée. Il était vraiment temps de prendre les choses en grand pour ne pas se retrouver dans quelques jours avec une prairie contenant quelques ceps de vigne visible dans l’herbe, à la place d’une vigne un peu enherbée.

C’est donc en équipe que Jean-Michel et moi avons lancé la campagne de travail du sol à la maison.

Comme tous les ans, j’ai pris en charge le premier passage avec mon petit tracteur à chenille récemment réparé et qui fonctionne maintenant à merveille.

Quelques pannes inévitables. Heureusement, j’ai épousé un Mac-Gyver qui trouve toujours la solution pour réparer et permettre de repartir.

Pour celles qui paient cher les masques d’argile sur le visage, on peut trouver l’équivalent, bio de surcroit, avec une petite séance de travail du sol, sans cabine dans mes vignes.

J’ai interdit à Jean-Michel de prendre des photos en fin de journée…

A la sortie, les cheveux ont changé de couleur et la peau a pris une teinte halée du meilleur goût. Bon, par contre à la douche, l’eau coule marron et le corps retrouve sa couleur d’origine.

Pâques au tracteur

Jean-Michel a lancé quant à lui la décavaillonneuse. Sa chère décavaillonneuse Egretier, qu’il admire tant ; j’en ai souvent parlé ici-même. Il peut en vanter les qualités pendant des heures !

Cette année, il a amélioré son fonctionnement avec des modifications du châssis pour tenir compte plus efficacement des variations dans la hauteur du sol. Simple et efficace !

Pour ceux qui ne le sauraient pas, le décavaillonnage c’est aller chercher la terre sous le rang avec une charrue équipée d’un tâteur, une sorte de palpeur et qui va faire rétracter la charrue lorsqu’il entrera en contact avec un cep de vigne. C’est une opération longue et délicate qui a précipité la quasi-disparition du travail mécanique du sol.

L’autre innovation de l’année, c’est que j’ai moi-aussi goûté à cette opération difficile mais que j’aime voir réalisée chez moi. Nous sommes le dernier vignoble de la région à retourner ainsi la terre. La très grande majorité des gens désherbe chimiquement sous le rang. Ceux qui labourent néanmoins, ont en général des approches « industrielles » du travail du sol avec des lames interceps qui « coupent le sol »en le remettant à la même place ou des outils rotatifs qui sont la pire des solutions agronomiques.

Plus que tout, il n’y a plus le geste symbolique du soc de la charrue qui retourne la terre dans un mouvement généreux.

Pâques au tracteur
Pâques au tracteur
Pâques au tracteur

J’ai donc fait mes débuts dans le décavaillonnage et je dois dire que j’ai bien aimé ; au point de ne pas laisser ma place.

Décavaillonner, c’est comme tailler, c’est toujours une nouvelle situation qui se présente.

On ne s’ennuie jamais. Les journées peuvent passer sans qu’on s’en rende vraiment compte. Une fois un rang terminé, on a hâte d’entamer un nouveau rang et ainsi de suite.

Il faut anticiper ce qui peut arriver quand on voit un cep un peu frêle ou un autre un peu tordu. La moindre erreur, c’est l’arrachement assuré.

En ce week-end, les familles partageaient l’agneau Pascal. Jean-Michel et moi étions dans nos vignes dans un moment de partage avec elles car elles sont une partie de nous, de notre vie et de notre raison d’être.

Le vrai bonheur sous le soleil du printemps !

L’identité par délégation

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Je suis de plus en plus surprise de constater que la première question que souvent les gens posent en arrivant dans un domaine viticole, ce n’est pas quel est le terroir mais qui est l’œnologue conseil ou le « winemaker ».

Effectivement, en quelques années ou peu de décennies, les vignerons ont pris l’habitude de déléguer les décisions en matière de vinification, assemblage et même gestion du vignoble à des gens de l’extérieur. Ces personnes, souvent pressées et qui ne passent que quelques heures par an sur les domaines qu’ils conseillent, impriment leur marque dans les vins.

Ce n’est plus vraiment le vigneron qui signe le vin mais son conseiller.


Dans certains cas, ce n’est plus un mais deux, voire même trois conseillers différents qui interviennent sur le même site. Chacun tente alors d’imprimer sa patte.

Parfois même, le conseiller crée autour de lui une sorte de club composé des domaines qu’il conseille et organise des dégustations dont finalement le thème est lui-même ; excusez du peu…

C’est la négation suprême de l’identité individuelle puisque le cru est réduit au rôle de faire-valoir du conseiller. Le vin n’existe alors que parce qu’il a été élaboré sur les instructions du conseil. Souvent, celui-ci ne connait pas forcément le vignoble pour ne le parcourir furtivement que pendant les vendanges.

Pourtant qui est mieux placé que le vigneron pour connaitre son terroir, son vignoble et sa propre relation avec son domaine ?

Pour trouver sa verticalité, la vigne a besoin d’un vrai parent, le vigneron. C’est le seul que la vigne connait car c’est lui qui est dans la vigne jour après jour.

Mais il faut aussi d’une certaine constance dans la direction qui va être donnée. Assumant les bons et les mauvais moments, seul le vigneron a la capacité de fixer un cap pour que la vigne ne se retrouve pas prise dans une partie de ping-pong en changeant d’un jour sur l’autre les choix au gré des modes et des changements de conseil.

Mon vin dans tout ça ? Il n’a jamais vu de conseil ou de « flying-winemaker ».

Il est l’expression d’un endroit interprété par un cépage. Mais c’est sûr, tout comme mes enfants, il porte aussi en lui une partie de moi.

Le bonheur est dans l’orange…

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Régulièrement, on entend les gens estimer que des efforts sont significatifs sont faits dans le sens du respect de l’environnement. Certes, tout le monde n’est pas en bio mais tout le monde fait des efforts.

Vœu pieux !

Il aura fallu une petite récolte pour remettre en cause une vraie tendance au retour du travail du sol.

C’est stupéfiant de voir que partout, c’est le retour des parcelles de couleur orange sous l’effet des désherbants.

Je ne dis pas que tout le monde désherbe, mais la proportion de ces parcelles colorées a fortement augmenté depuis l’an dernier.

On retourne donc à la situation d’il y a quelques années quand le travail du sol était encore dans la rubrique « vestige du passé ».


Le bonheur est dans l’orange…

Certes, les domaines d’appellation générique étaient habitués à ne pas labourer leurs sols. L’essence même de ces vignes hautes et larges c’est justement de réduire au maximum les coûts (et la qualité).

Mais je me dis qu’il doit bien exister une autre voie que celle-là même quand on aime les vignes larges.

Le bonheur est dans l’orange…

Le plus incompréhensible reste malgré tout de voir ou revoir des parcelles de grand cru dans lesquelles on vénère « Saint-Roundup ». Les conditions économiques de ces domaines ne sont pas forcément aussi favorables qu’il y a deux ans, mais à cette époque, on était sur des prix de vente irrationnels. Maintenant qu’on est revenu à des valeurs moins aberrantes, tout en étant parfois très élevées, on pense qu’il n’y a plus d’argent. Donc, on serre les boulons partout où on peut, y compris en reprenant la bonne vieille habitude du désherbant.

Dans la longue liste des excuses bidon, on a coché cette année, la petite récolte 2013. L’an prochain, on cochera la prochaine excuse. Jusqu’à la fin de la liste me direz-vous ? Non car la liste des excuses à ne rien faire s’allonge d’année en année.

Dommage ! Pour une fois qu’on pouvait avancer dans le bon sens… Encore une belle occasion de perdue.

La tradition du premier mai

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C’est une tradition locale et c’est aussi devenu une tradition pour moi que de faire part de l’omelette à l'aillet le 1er mai.

Pour ceux qui auraient loupé le début, il y a une tradition dans notre région de Sainte-Foy la Grande, qui consiste à manger une omelette à l’aillet, le jour du 1er mai.

L’aillet est un jeune plant d’ail qui n’a pas encore fait la gousse et qui ressemble fortement à un poireau.

Ce plat est supposé éloigner les fièvres durant toute l’année. Pour être totalement efficace, il faut l’accompagner d’un verre de vin blanc liquoreux…

J’ai découvert cette pratique en arrivant dans la famille de mon mari et je dois dire qu’au début je souriais un peu du haut de mes convictions acquises lors de ma formation scientifique.

La tradition du premier mai
La tradition du premier mai

Depuis, je suis moins catégorique car l’ail est un véritable concentré de principes actifs.

Qu’il permette à lui seul d’éloigner les fièvres pendant un an, sûrement pas. Mais qu’il participe à aider le corps à être plus fort face aux agressions et aux difficultés, c’est pour moi maintenant une certitude.

Pour ce qui est du vin liquoreux, je laisse à chacun le loisir de se trouver une explication mais dans tous les cas, c’est toujours un bon moment que l’on attend avec un certain plaisir.

Surtout mon beau-père qui fait le tour des différentes omelettes de la région

Trois tracteurs et une vigneronne

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En cette période de pousse active de la vigne, c’est surtout l’herbe qui focalise notre attention.

Le week-end dernier, c’était avec la présence de Jean-Michel et de notre fils Thomas, c’était tout notre parc de tracteurs qui était de sortie.

Jean-Michel avait pris l’enjambeur pour le décavaillonnage des vignes à 1 mètre. Thomas quant à lui faisait la même chose mais dans les vignes à 2 mètres.

Enfin, pour moi, c’était le passage des disques avec mon petit tracteur à chenilles.

Chacun dans son coin et chacun concentré à faire le meilleur travail possible.

Chez les campagnes de travail du sol, c’est comme pour la qualité des vins, il y a des millésimes meilleurs que d’autres.

Parfois certaines années, la pluie fait fuir tout espoir de performance. Au contraire, il est des années où tout va bien, comme si on était dans un rêve.

En 2014, pour le travail du sol, on est entre les deux, mais plutôt du mauvais côté. Les pluies incessantes de l’hiver ont rendu le sous-sol très humide rendant le sol lourd et compact tout en favorisant les herbes. Par contre, le relatif temps sec de ces dernières semaines a formé une croute dure en surface.

Arrivant dans cette ambiance, le soc de la charrue fait ce qu’il peut mais pas plus. On est loin du geste auguste du laboureur que l’on a en tête.

Rien de bien grave malgré tout. Simplement, les conditions de labour stressantes pour le chauffeur et pour un résultant tout juste moyen en termes d’efficacité sur les herbes.

Heureusement, nous n’avions pas prévu de faire le concours de la vigne la plus propre de France. De toutes les façons nous n’avions aucune chance face aux autoroutes viticoles que l’on voit encore assez souvent ; même si on se dit qu’on est en 2014 et plus en 1980.


Et puis pour ceux que la biodiversité intéresse, je me dis que les touffes d’herbes qui restent entre les ceps, cela fait un bon repère pour la biodiversité. Moi, vous le savez, la biodiversité je ne m’en soucie pas car je ne l’agresse pas ; je n’ai donc pas besoin d’aller compter combien il en reste après l’avoir tué à coups de pesticides.

Donc, les touffes d’herbes qui restent sous mes rangs de vigne, ont été laissées exprès pour servir de refuge à la biodiversité.

C’est compliqué de laisser ainsi de l’herbe mais quand on aime…

Dans le vif du sujet

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On vient vraiment de rentrer dans la saison culturale ; un peu brutalement même.

Après quelques semaines de temps sec malgré des températures assez fraiches, on vient de recevoir la semaine dernière des trombes d’eau. En une semaine, on a eu l’équivalent d’un mois de pluie.

Certes, dans d’autres régions, c’est bien pire mais pour nous, avec les traitements à assumer, c’est toujours problématique.

Dans notre commune, il y a même eu une mini-tornade qui est venue à bout de quelques arbres et lignes électriques. Heureusement, rien de bien grave. Il y avait aussi quelques grêlons qui ont percé des feuilles.

Nous avions anticipé, autant que faire se peut, car le dimanche précédent, la lune était au périgée, c’est-à-dire au moment du mois où elle était la plus proche de la Terre. C’est un moment important, à la fois pour l’eau dans les végétaux, pour les champignons (le mildiou est un champignon) et évidemment pour les marées même si on n’est pas très concerné par elles.

Dans nos sols argileux, il vaut mieux prendre les devants et éventuellement passer traiter un jour plus tôt que d’attendre au dernier moment et pour constater en ouvrant les volets le matin qu’il a plu et que toute tentative de traitement est devenue impossible.

Face aux cumuls importants de pluie dans la semaine et à l’instabilité du temps à venir, il a fallu repasser.

La tisane de plante a été repréparée en urgence. Etant proche de la floraison, on a commencé à faire évoluer le cocktail d’espèces utilisées.

Si les vignes à 2 mètres ont pu être traitées malgré les conditions humides, il n’en fut pas de même pour les vignes à 1m. L’enjambeur ne pouvait pas rouler dans nos sols argileux sous peine de rester enlisé.

Dans le vif du sujetDans le vif du sujet

C’est donc à dos, que Jean-Michel et Thomas, père et fils ont fait la pulvérisation. C’est la seconde fois de l’année qu’on procède ainsi.

J’ai compati à la difficulté de la tâche. Il y a 20 litres de bouillie à porter sur le dos en plus du poids de la machine motorisée ; cela dans sur un sol lourd, collant et humide. Mais aussi bien l’un que l’autre n’ont pas eu l’air troublé. Ils ont de plus en plus de complicité et de complémentarité à travailler ensemble.

Ce traitement, c’est même pour eux un moment de rencontre, entre les deux.

Ceux qui ont eu à utiliser des produits (chimiques) pénétrants, conservent évidemment en tête le confort que cela procure de penser que malgré la pluie, le produit est à « l’abri » de la plante.

Le produit pénétrant, c’est une drogue. Drogue pour la plante qui ne compte que sur la molécule chimique pour se « défendre ».

Mais aussi et surtout, drogue pour le vigneron qui cède facilement à la tentation de la tranquillité. Une addiction à la sécurité et à la tranquillité…

Pourtant, qui peut penser que ces produits chimiques, surtout ceux qui se diffusent partout dans la plante, jusqu’à la moindre de ses cellules, ne laisseront pas de résidus dans les raisins puis dans les vins ?

Alors, face à ce « confort », on est prêt à laisser de côté les effets secondaires que la nature et surtout sur la santé des humains, utilisateurs, riverains et éventuellement consommateurs.


Effectivement, chez nous on a fait un tout autre choix. Celui de la cohérence et de la fidélité à des principes. On refuse ces produits. Donc, quand il faut, on y va sans état d’âme ; un peu de cuivre et de soufre et surtout des plantes.

Et quand j’ai vu père et fils revenir avec le sourire de la complicité et du travail accompli, j’ai compris tout d’abord que ce traitement allait être efficace mais surtout qu’il exprimait des valeurs beaucoup plus profondes que la simple action de traiter : solidarité, famille et abnégation des hommes face à la vigne.

Tout un programme et des valeurs universelles. Pas étonnant que le vin ait une place symbolique aussi importante dans la Bible…


Etape berlinoise

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Pour la deuxième fois de ma vie, j’ai fait un voyage à Berlin.

La fois précédente, c’était à la fin des vendanges 2007, alors que les cuves fermentaient encore et que j’étais très fatiguée par les semaines de dur labeur. Bilan, étant physiquement fragile, j’avais rapporté un mal de gorge.

Cela étant, j’avais pu découvrir la capitale allemande en marge de mon activité de promotion. J’avais notamment fait une visite touristique en bus, un matin alors que j’étais la seule cliente. J’avais donc eu droit à un tour personnalisé, rien que pour moi.

Là, le contexte était différent. Il faisait beau, j’étais détendue et le travail ne pressait pas trop ; du moins pas au point de donner des remords de partir.

La manifestation avait pour nom « Big Bottle » et était consacrée aux femmes dans le monde du vin.

Chaque vigneronne devait présenter son vin dans de gros formats. Pour moi, il s’agissait de deux double-magnum de Grand Vin rouge 2011.

Les vins étaient mis en valeur par des chefs qui avaient préparé pour l’occasion de superbes et succulents petits toasts.

Les vigneronnes, quant à elles, étaient mises en valeur par un tapis rouge. Il a fallu le monter où y prendre la pose, seule ou en groupe.

Le tout était calé à la seconde près dans une rigueur toute germanique et rassurante.

Etape berlinoise
Etape berlinoise

J’aime les allemands et j’aime la culture allemande. Il y a longtemps, au lycée, j’ai fait partie des rares personnes à avoir fait allemand en première langue jusqu’au bac…C’est dire !


Comme toujours, dans ces manifestations, on a l’occasion de rencontrer d’autres vignerons et de sympathiser ; comme si on se connaissait depuis toujours et comme une évidence. C’est la magie des relations humaines !

Ce fut aussi un moment d’échange et de partage avec mes hôtes du moment. Parfois, on a beau se connaitre par messagerie ou par téléphone, on ne se connait pas vraiment. Quelques jours passés pratiquement ensemble, changent la donne et permettent de comprendre qui diffuse nos vins tout en précisant notre philosophie sur des points particuliers de la culture, de la vinification ou de la vie au sens large.

Maintenant, que je suis revenue, il me reste le travail qui n’a pas manqué de s’accumuler durant mon absence ; les factures à payer, les commandes à préparer, la vigne qui pousse, le temps qui ne vire pas au beau fixe,... Bref, la routine.

Levages à la vitesse V1

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En cette période de commémoration du débarquement de Normandie, il est facile d’utiliser l’image du V1 pour bien faire sentir au lecteur combien il convient d’aller vite actuellement dans les vignes avec les levages.

Entre parenthèses, les fusées allemandes V1, véritables missiles avant l’heure, ont tellement marqué leur époque qu’on se souvient encore d’elles 70 ans après en les prenant comme une référence de vitesse absolue ; même si depuis en matière de vitesse, on a fait beaucoup mieux. Certains mythes ont la vie dure surtout quand ils sont tâchés de sang.

Donc, chez nous (et sûrement chez les autres) il faut se dépêcher d’accélérer le rythme car la vigne pousse. D’un jour sur l’autre, on ne la reconnait pas. Parfois, elle pousse tellement vite que les nouvelles feuilles n’ont pas le temps de devenir vertes après s’être développées. Ainsi, les rangs sont dominés par des extrémités de rameaux aux feuilles blanchâtres.


C’est dans ces moments qu’on peut ressentir toute la force végétative de cette plante merveilleuse. Elle est dans son adolescence et explose de toutes parts. Rien ne peut la freiner.

Heureusement, dans quelques temps, elle aura dépassé ce stade pour entrer dans l’âge de raison. Elle construira alors son identité et exprimera avec précision la subtilité de son terroir.

Mais pour l’instant, il faut courir dans les rangs pour relever les rameaux. Heureusement, les soins biodynamiques permettent à la vigne de trouver sa verticalité et de l’exprimer ne serait-ce que dans le port des rameaux. Evidemment et de façon plus palpable pour les consommateurs, on retrouve cette verticalité dans les vins.


Aujourd’hui, en cas de besoin, on pourrait passer traiter, mais demain, ce serait impossible.


On courbe la tête et on fait au plus vite…

Levages à la vitesse V1

Récolte des fleurs

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Récolte des fleurs

Actuellement, c’est la pleine période de récolte des fleurs pour les tisanes de l’an prochain et plus particulièrement l’Achillée Millefeuilles.

Elle pousse en abondance sur le bord des routes ou dans les talus. Parfois comme l’an dernier, elle était tellement présente qu’on ne voyait qu’elle ; au moins pour les gens qui regardent les plantes depuis leurs voitures.

Elle est le symbole de l’élément Air et de la fleur au sens large.

En effet, dans la vie de plante, elle n’est dédiée qu’à sa fleur qui domine la tige et qui en constitue l’aboutissement. Au fur et à mesure que la tige se développe depuis le début du printemps, les feuilles deviennent de plus en plus découpées et de plus en plus aériennes. Ce dernier caractère atteint son paroxysme avec la fleur qui domine l’ensemble. En fait, pour rendre l’ensemble encore plus aérien, ce n’est pas une fleur mais une accumulation de minuscules fleurs. C’est donc un sentiment de légèreté qui domine quand on la regarde.

L’Achillée se dépêche donc de fleurir mais quand ce moment est atteint, elle s’arrête et ne change pratiquement plus. Certes, la couleur blanche brunit pour devenir progressivement marron mais l’architecture générale ne change plus jusqu’à sa disparition en hiver.

Ces changements sont les marqueurs de modifications profondes qui vont voir se former une graine pour perpétuer l’espèce ; mais c’est à peu près tout.

L’Achillée vit pour sa fleur.

C’est une plante centrale de la « boite à outils » biodynamique. Evidemment, elle est présente dans les préparâts spécifiques qui sont ajoutés au compost.

Mais elle intervient aussi beaucoup chez nous dans les tisanes au printemps dans les jours et semaines qui précèdent la floraison de la vigne. J’aime beaucoup l’utiliser et pense même ne pas assez profiter de ses bienfaits.
En général, comme la nature est bien faite, on commence à trouver des fleurs d’Achillée quand la vigne en a besoin. Cependant, les zones de collecte étant parfois fauchées précocement, il peut arriver qu’on n’en trouve pas vraiment au moment nécessaire. D’autant plus qu’il faut éviter de les récolter sur le bord des routes à cause des métaux lourds issus du trafic routier notamment et près des voisins pour ne pas contaminer nos tisanes avec leurs pesticides. Ceux-là, on en profite assez par ailleurs sans les concentrer dans les infusions destinées à nos vignes !

Pour les humains, elle s’utilise aussi en tisane et constitue un fortifiant reconnu. Mais là, il vaut mieux ne pas aller plus loin sous peine d’être accusé d’exercice illégal de la pharmacie et apologie de produits n’ayant pas d’AMM (autorisation de mise en marché)…

Que tous les vignerons se précipitent donc sur les fleurs d’Achillée qui poussent chez eux. C’est une plante merveilleuse !!!

Rencontres éclectiques

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Ces derniers jours j’ai eu l’occasion de recevoir à la maison pour des visites des gens d’horizons si différents que j’ai apprécié de faire ce métier.

Les premiers étaient des amateurs australiens. Ils avaient été aiguillés par des professionnels à l’occasion d’un séjour dans la région. Evidemment, ils n’ont pas franchi les océans uniquement pour moi !...

Malgré tout, je suis toujours impressionnée que des personnes habitant à l’autre bout du monde puisse un jour prendre leur téléphone pour venir à Margueron afin de visiter Champ des Treilles, parler avec moi et déguster mes vins.

La biodynamie expliquée leur est apparue comme une évidence par sa logique, son caractère global et la simplicité de l’approche.

Puis, de fil en aiguille, dans la conversation, on s’est trouvé un ami commun…au Japon ; un autre endroit du monde.

De fait, à l’époque de l’hyper-communication, chacun a pu faire part de cette anecdote à l’autre et ainsi de suite. Ainsi, des mails ont circulé entre chez nous, le Japon et l’Australie. On vit une époque incroyable (au moins de ce côté-là).

Plus récemment, c’est un caviste implanté à Varsovie qui a frappé à ma porte. Autre endroit, autre culture, autre relation avec le vin. Mais toujours, volonté d’être dans la sincérité vis-à-vis du vin et de la nature.

Là-aussi, la biodynamie est apparue comme une évidence à mon interlocuteur.

Le plus marrant ou triste, c’est justement que les praticiens, ceux qui vivent avec la vigne au quotidien, ne sont plus capables de regarder ou d’écouter leurs ceps et la nature qui les entoure.

Les amateurs l’envisagent très bien et entrent très facilement dans ce monde de l’approche symbolique des choses, où tout détail du vivant veut dire quelque chose, a sa propre signification.

Va comprendre…

Toujours belle à pleurer

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En souhaitant écrire ce post, un titre m’est venu naturellement : « que ma vigne est belle ».

Malheureusement, je l’avais déjà été utilisé il y a pratiquement deux ans jour pour jour comme un clin d’œil à qui vous savez.

De ce fait, je dois donner une autre interprétation de mon état d’esprit lorsque je regarde ma vigne en ce moment ; d’où ce titre sans ambiguïté.

Après des années passées dans ce métier de vigneronne qui s’est imposé à moi, j’en suis arrivée à la conclusion qu’il existe une perfection viticole c’est-à-dire un état des ceps de vigne qui va provoquer un instant d’émotion chez celui qui le regarde. Encore faut-il que cette personne possède un peu de sensibilité, ce qui est assez rare chez les vignerons, souvent plus impressionnés par la puissance d’un tracteur ou la coupe au carré d’une vigne que par la beauté sensible d’un pied de vigne !

Dans ce monde de viticulture aseptisée, voire tout simplement industrielle, il peut paraitre difficile voire même anachronique de parler d’émotion à la vue d’un pied de vigne.

Pourtant, c’est bien le sentiment qui m’anime. Seule la vigne qui atteint ce stade peut ensuite produire les vins, trop rares, qui vont toucher le dégustateur au plus profond de son âme.

Si le blé nourrit le corps, le vin est destiné à nourrir l’âme. Il faut donc produire le vin dans des vignes chargées d’émotion ; sinon, ce vin ne deviendra qu’une simple boisson.

Une vigne forte mais dans une certaine retenue, une vigne qui s’étire vers le ciel tout en étant solidement ancrée dans la terre, une vigne qui va lier la subtilité infinie du sous-sol à l’immensité du ciel qu’elle cherche à atteindre et enfin une vigne qui vit autour de ses raisins et surtout pour eux.

Voilà cette vigne qui bat dans mon cœur et qui m’amène de petites larmes au coin des yeux quand je la regarde…

Toujours belle à pleurer

Une folle semaine

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Je viens de vivre une semaine intense dans la vigne.

Je l’avais signalé précédemment, la vigne pousse à grande vitesse après les mois de pluie d’hiver et de printemps. Un peu de soleil sur des réserves hydriques conséquentes, et la vigne s’en donne à cœur-joie.

Pour avoir un tableau complet de la situation, on peut ajouter une météo capricieuse qu’il est difficile de prévoir.

Dans beaucoup d’endroits, ma vigne ressemblait à une forêt vierge ; vous savez de celle dont on parle quand on veut dénigrer un vigneron bio…

Le fait d’avoir des branches au sol n’est pas grave en soi, mais quand il faut passer avec le tracteur pour traiter, cela devient problématique, ou plus exactement destructeur.

Quand on sait combien de jours nous séparent du prochain passage d’engins, on peut planifier les relevages et s’organiser au sens large pour travailler sans stress.

Mais en ce moment, comme souvent, le temps annoncé le matin n’est pas le même que le soir. Donc, tout programme est susceptible d’être revu voire même changé en quelques heures.

Nous avons donc relevé les rangs de vigne en faisant au plus vite et au plus urgent. La chaleur lourde n’arrange rien même quand on fait la journée continue en commençant à 6 heures du matin.

Ce qui est bien pratique quand on est vigneron, c’est-à-dire son propre patron, c’est qu’on peut faire soi-même les 2-8 en continu, soit deux journées en une.

Heureusement, le tracteur a ensuite pu faire son traitement sans encombre et surtout sans dégradation sur la vigne.

Cela nous laisse un peu de temps jusqu’au prochain.

Il y a eu aussi une panne de l’enjambeur refusant obstinément de passer la marche arrière. Heureusement, il a eu la courtoisie de se mettre à ne plus marcher quand il a eu fini de traiter. Le problème reste en suspens et j’attends avec impatience que Jean-Michel se penche sur son cas.

J’espère surtout qu’il trouvera la solution car cet engin est le seul enjambeur dans un rayon de plusieurs dizaines de km car nous sommes les seuls à avoir des vignes à 1 m de large dans le même rayon. Donc, la culture locale de l’enjambeur est proche de zéro…

Si Jean-Michel ne sait pas réparer, problème…

Tout cela ne doit pas faire oublier les factures à émettre et celles à payer, les formalités administratives obligatoires à acquitter, les expéditions à préparer,…

J’allais oublier le temps libre pour souffler un peu. Finalement, il n’est pas prévu au programme.

Ouf, c’est déjà une ligne de moins dans la longue liste…

Que la terre est basse

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C’est la réflexion que se font souvent les gens qui travaillent la terre. Et c’est une réalité !

Alors que le deuxième relevage arrive à sa fin, c’est maintenant l’heure du second passage d’épamprage, c’est-à-dire de suppression des gourmands.

On a déjà réalisé cette opération en début de saison mais d’autres rameaux se sont développés depuis. Plus le premier passage est précoce, plus il en repousse mais aussi plus la zone des grappes sera entassée ; ce qui favorise le développement du mildiou.

Donc, pour moi c’est l’époque de la suppression de ces gourmands développés depuis le premier passage au début mai. Certaines de ces tiges sont devenues grandes et fortes et nécessitent l’utilisation d’un sécateur pour les couper. J’en profite aussi pour détruire les plantes qui ont été épargnées par les charrues. Certaines menacent de dépasser la hauteur des rangs. Temps qu’elles ne gênent pas les raisins, l’inconvénient de leur présence est uniquement esthétique.

Mais dans ce métier, l’esthétique passe encore souvent devant des considérations qualitatives ou environnementales. C’est ainsi. Un bon vigneron est celui qui a des vignes propres et coupées au carré et pas forcément celui qui fait du bon raisin et du bon vin !

On en voudra à celui qui a les vignes pas trop propres car il n’utilise que des charrues pour contenir l’herbe. Par contre, on ne trouve rien à redire d’avoir des vignes « propres » au prix de l’utilisation de produits chimiques qui détruisent la vie et contaminent les nappes phréatiques.

Ainsi va notre métier.

Pour en revenir à nos pampres, j’ai fait une équipe pour aller plus vite ; une de mes vendangeuses de l’an dernier et moi ! Quelle équipe…

Mes avant-bras sont griffés et mon dos me rappelle à tout moment que la terre est basse.

Mais ce n’est pas grave car la récolte est belle et les vignes respirent la bonne santé.

C’est le principal et le reste n’est que détail vite oublié…


Un cocktail parfait

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Le mois de juillet ne va pas déroger à la règle de l’année, il pleut assez souvent.

Seul le mois d’avril est inférieur aux moyennes mensuelles.

Heureusement, la vigne n’est pas en retard et elle est dans un état sanitaire parfait ; ce qui n’est pas le cas tous les ans quand la pluie s’invite dans la saison.

La conséquence de tout cela, c’est qu’avec la fraicheur dans les sols et des températures souvent assez chaudes, l’herbe n’arrête pas de pousser.

Il y a quelques semaines, j’avais dit ici-même que la première façon de labour ne s’était pas forcément bien passée cette année car les sols étaient encore lourds au moment où l’herbe semblait atteindre un point de non-retour. Il avait donc fallu travailler les sols dans des conditions peu favorables.

Evidemment, c’est un choix dicté par les évènements que nous sommes obligés de payer maintenant en faisant une nouvelle façon de travail du sol.


C’est plus ou moins la première fois depuis le début de notre aventure qu’on est obligé de repasser des outils sous les rangs pour supprimer l’herbe à cette saison.

Pour l’occasion, nous avons opté pour des lames « intercep » montées directement sur nos décavaillonneuses, en lieu et place des versoirs traditionnels.

Je me suis faite mainte fois l’écho de Jean-Michel dans son admiration sans borne des décavaillonneuses Egretier.

Petit rappel pour ceux qui n’auraient pas suivi : l’appareil reste le même depuis 50 ans tout en étant encore une référence dans ce secteur. Les améliorations se sont greffées sur la base existante de sorte que les premières machines sorties il y a un demi-siècle peuvent être remises au goût du jour actuel sans aucune modification de structure. Connaissez-vous un autre exemple ? Imaginez la première DS des années 50 qui devient une DS5 actuelle en y ajoutant quelques aménagements !

Eh bien, la décavaillonneuse Egretier, celle-là même qui était déjà géniale dans l’esprit de mon mari, peut recevoir aussi des lames « intercep » et entrer dans la modernité des façons culturales superficielles.

Cette option n’est pas nouvelle mais je ne m’en étais jamais servie.

Et c’est vrai que je rejoins Jean-Michel dans son admiration. Le décavaillonnage devient alors une sorte de jeu d’enfant. La vitesse de travail est doublée, l’arrachage accidentel de souches est presque inexistant et donc la concentration nécessaire pour le chauffeur est bien diminuée.

Bref, c’est le bonheur !

J’ai pris en charge les vignes à 2 m avec mon petit chenillard.

Puis ce week-end, Jean-Michel est venu prêter main forte pour labourer les vignes à 1 m avec l’enjambeur. Ainsi, il n’oublie jamais totalement Pontet-Canet en se replongeant dans le même type de vignes étroites à peine sorti de son travail dans ce grand domaine…

Seule ombre au tableau samedi soir, la pluie qui est venue gâcher l’avancée merveilleuse de nos chantiers. D’une part, nous avons arrêté de travailler et d’autre part, l’herbe aura pu en partie se repiquer en étant remise en conditions humides.

Pour le premier point, c’est un peu la limite et la frustration de notre aventure. La double-vie que nous avons, nous oblige parfois à ne pas être là au moment le plus opportun et au contraire à ne pas pouvoir travailler alors que nous sommes disponibles mais que la météo en a décidé autrement.

Pour le second point, c’est aussi l’inconvénient des façons superficielles souvent présentées comme « La » solution de travail du sol.

On va vite mais, particulièrement au printemps, l’herbe a tendance à se repiquer instantanément car elle n’est pas retournée totalement comme c’est le cas avec un labour plus classique. Il faut donc passer et repasser souvent ce qui finit pas coûter plus cher en temps et en énergie.

Evidemment, pour ceux qui débutent le travail du sol après 20 ans de désherbage chimique et des vignes jeunes et bien droites, les interceps représentent une solution facile, surtout si le printemps est sec. Ils se disent alors, le travail du sol ? Facile !

Quand les vignes sont plus noueuses, le printemps humide et que l’accumulation du désherbant dans le sol s’estompe, les interceps montrent vite leurs limites et les solutions miracles n’existent pas.

Cela étant, ces outils nous auront permis de redonner cette année à nos vignes une tête de vigne (en bio) avec un peu d’herbe mais pas trop.


Cela sans stress et en bronzant ; même si le bronzage agricole n’est pas le plus esthétique qui soit…

Un Parkinson géant

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Cela faisait plusieurs semaines que je n’ai pas donné de nouvelles. C’était l’été…

Comme l’été dernier et celui d’avant, nous avons passé quelques jours en Californie, à Napa, haut lieu de la viticulture US, et même mondiale.

Nous aimons beaucoup cet endroit attachant et ensoleillé. Notre fille Laure, qui a passé là-bas 8 mois l’an dernier, nous accompagnait. Elle y est un peu chez elle maintenant et y fera sûrement sa vie.

Evidemment, notre temps a surtout été consacré à des visites de vignobles et de wineries. Désolé, on ne se refait pas…

Le voyage aurait pu se terminer sur des impressions douces et nostalgiques. Mais voilà, le sort en a décidé autrement.

Lors de notre dernière nuit sur place, nous avions peine à trouver le sommeil à l’idée de quitter cette ambiance sereine pour retrouver le quotidien bordelais, ces tracas et surtout ses vendanges !

Vers 3 h du matin, nous avons été violemment tirés de nos rêves par des secousses. Que dire quand on ne s’y attend pas ? Le temps de réaliser qu’il s’agissait d’un tremblement de terre, c’était presque fini Dans ces cas-là, on hurle sans retenue. Tout bouge. Le lit remue comme s’il était dans le tambour d’une machine à laver géante, les cadres au mur tombent et leurs vitres se brisent en arrivant au sol. Les étagères se vident et répartissent sur le parquet tout ce qu’elles contenaient. Le bruit est assourdissant mais tout va aussi très vite. 6,1 sur l’échelle de Richter. Difficile malgré tout d’avoir des référence car pour nous, c’est une première.

Puis, le calme revient et la parenthèse se referme. La tranquillité de la nuit reprend ses droits ; comme s’il ne s’était rien passé.

On reste hagard ne sachant que penser.

J’avais eu le même sentiment en 2010 après la grêle dévastatrice. Le calme était revenu après les furies de la nature. La vie était comme avant, enfin presque car ma récolte était partie sur les coups de buttoir des grêlons.

Un Parkinson géant

Le tremblement de terre a laissé place à un calme surprenant sur la ville de Napa. L’électricité et internet n’ont même pas été coupés. Seule l’eau a fait défaut.

On ne sait pas si on doit entendre des répliques, si on doit repartir se coucher ou même si on commence le nettoyage, histoire d’évacuer le stress.

Puis, on attend d’hypothétiques répliques en repensant aux reportages qu’on a entendu sur le sujet mais d’une oreille distraite cas désintéressée à l’époque. Donc, on ne sait pas trop.

La plus forte réplique est intervenue vers 5 heures alors qu’on tente de retrouver un peu le sommeil avec les sirènes de pompier en tâche de fond ; car entre-temps, les pompiers ont commencé leurs interventions, nombreuses finalement.

Au petit matin, point de grasse matinée. Tout le monde est sur le pont à la pointe du jour.

On prend le balai et la pelle et on remplit des sacs poubelles de verre et autres objets cassés. On va aider les voisins ; bien plus affectés que nous.

Quoi qu’il arrive, les américains ont toujours le moral. C’est bien !

Les infrastructures et les bâtiments semblent avoir peu souffert. Plus tard, on apprendra que les empilements de barriques et les cuves ont subi des dommages. C’est malgré tout un peu logique…

Evidemment, les rayons de supermarché ne sont qu’un fatras impénétrable.

Quelques heures plus tard, nous quittons ce pays en réalisant que rien n’est jamais totalement idyllique. Ils ont le soleil durant toute la saison mais vivent avec le risque toujours présent du « big one » qui dévastera tout. Nous n’avons pas cela mais souvent la pluie et même la grêle s’invitent durant la saison culturale ou pendant les vendanges.

Une expérience forte et des souvenirs à raconter au retour…

Attente studieuse

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Alors qu’on est dans la dernière ligne droite avant les vendanges, il reste beaucoup de choses à faire dans les vignes pour qu’elles soient parfaites.

Les conditions du mois d’aout n’ont pas été propices au travail du sol car il était difficile de trouver la bonne humidité du sol pour faire un travail efficace. Le mois n’a pas été très pluvieux mais des averses réparties à intervalles réguliers ont maintenu les sols frais.

Maintenant, c’est trop tard pour travailler les sols. S’il pleut sur un sol griffé de frais, l’eau imbibe la terre meuble au lieu de s’évacuer. Elle devient donc facilement accessible aux racines de la vigne et donc aux raisins qui gonflent et parfois se fendent et pourrissent.

Il y a donc de temps à autres une grande herbe à couper.

Le rognage n’étant pas notre spécialité, nos vignes recèlent de branches un peu « hirsutes » qui ont certes arrêté de pousser mais qui méritent parfois d’être remontées dans le palissage.

C’est donc un vrai travail de petites mains. On s’y active. Heureusement, j’ai eu pendant quelques jours, l’aide de ma fille Laure. Ce n’est plus trop fréquent de voir nos enfants dans nos vignes ; mais quand cela arrive, c’est toujours un moment de proximité avec eux ; un moment d’échange aussi.


Les deux souhaitent un jour travailler dans le monde du vin, plus ou moins proches de la production. Et je constate qu’avec l’âge adulte qui arrive pour eux, ils sont de plus en plus en phase avec l’approche sensible du vivant que nous appliquons au quotidien dans notre viticulture exigente.

La biodynamie, ils l’ont vue au début de leurs yeux d’enfants et d’adolescents comme une approche marginale et donc dérangeante car éloignée de la norme confortable.

Maintenant, qu’ils entrent dans la conscience et avec le recul de plus de 10 ans de pratique autour d’eux, ils se rendent compte de l’intérêt et de la pertinence ; d’autant plus face à un modèle « classique » aux lendemains hasardeux.


Encore un petit effort et les vignes seront belles et désirables. Les vendangeurs seront heureux de s’y activer.

Les raisins seront encore meilleurs par tant d’ondes positives autour d’eux !

Le jour approche

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Début de préparatifs pour les vendanges. Ce n’est pas encore la grande précipitation des derniers jours mais on sent que les choses s’approchent.

Le matériel commence à être inspecté et réparé, au moins pour les petites interventions car pour des choses vitales il fallait s’y prendre un peu avant…

Nous avons profité du week-end pour faire un tour complet du vignoble et ainsi prendre la mesure de l’avancement de la maturité. Sous le soleil, tout est plus beau et les choses semblent être plus faciles.

Avec les quelques jours de très beau temps que nous venons d’avoir, la maturation des raisins a beaucoup avancé.

Pour être parfait, il faudra encore quelques jours supplémentaires.

Dans les peaux, les tanins commencent à bien s’affiner.

On peut penser que le début des vendanges sera cependant légèrement différé par rapport aux premières prévisions. Il faut dire que les espoirs de beau temps ne semble pas devoir être déçus, pour le moment.

Voilà pour les nouvelles du moment…

Le jour approche

Le vrai recyclage

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Pendant les jours et semaines qui précèdent les vendanges, il y a bien-sûr la nécessaire préparation du matériel et la dernière main à mettre sur le vignoble pour une maturation la plus aboutie possible. J’en ai déjà parlé.

Mais on peut aussi trouver le temps de faire des travaux plus secondaires mais finalement tout aussi importants.


C’est ainsi, qu’on a préparé nos marquants pour l’année prochaine. Pour ceux qui ne le savent pas, les marquants sont les petits piquets que l’on met à chaque pied, dans le cas de jeunes plants ou de ceps tordus ou fragilisés par l’âge. Leur présence permet entre autres aux charrues d’avoir un point dur pour s’escamoter lors des décavaillonnages et ainsi préserver le pied de vigne.

Dans le passé, tous les piquets et marquants étaient autoproduits, au moins en partie sur les exploitations ; petites ou grandes, modestes ou prestigieuses.

C’était finalement une sorte d’autarcie, pilier fondateur de l’approche biodynamique.

Chez nous, je pense que les premiers piquets achetés sont arrivés au moment où nous avons repris le domaine. Avant le grand-père allait couper les arbres dans les forêts de la ferme.

Par contre, dans nos premières années, les vieux piquets étaient récupérés par les voisins pour le chauffage.
Puis lorsque nous avons remis en fonction le vieux poêle, on a gardé tout ce bois gratuit et disponible pour l’utiliser nous-aussi en complément ou remplacement des radiateurs.

Mais un jour, il nous a semblé qu’on pouvait redonner une deuxième vie à une partie des vieux piquets ; ceux qui étaient encore assez grands pour être recoupés. Les marquants mesurent 80 cm et on trouve toujours cette longueur utilisable dans les vieux piquets réformés.


Donc, depuis plusieurs années, sauf situation exceptionnelle, nous autoproduisons nos marquants en recyclant nos vieux piquets.

Il y a l’étape du sciage à la bonne longueur. C’est le travail de Jean-Michel. Concentration requise…

Le vrai recyclage

Puis, il y a le fendage pour donner au marquant la grosseur nécessaire à partir de piquets d’un diamètre beaucoup plus important. Ainsi, on peut faire 2 à 4 marquants à partir d’une seule section de piquet.

Au début, il fallait fendre à la main avec une hache et autres outils. Puis, sûrement en forçant sur sa hache, Jean-Michel a imaginé une petite fendeuse dédiée à cette opération.

Depuis, ce travail est devenu un jeu d’enfant et même un plaisir tant la sensation de puissance procurée donne une vraie satisfaction ! C’est mon travail qui demande de la réflexion pour choisir le bon endroit où appliquer le fendage.

Le vrai recyclage

Enfin, il faut épointer les bouts de bois pour en faire des marquants dignes de ce nom. C’est la dernière étape qui interviendra dans quelques temps.

Evidemment, tous les débris et les chutes finissent quand même dans le poêle et nous chaufferons durant l’hiver.

Finalement, c’est quand même cela le vrai recyclage ; de redonner une vie au lieu de jeter et cela sans que le recyclage ne coûte plus d’énergie qu’il n’en sauve.

C’est malheureusement souvent le cas où on dépense plus de pétrole qu’il n’y en a dans la chose à recycler..

Ce qui impressionne aussi, c’est que parfois les piquets que nous changeons ont eu une première vie de 50 ou 70 ans car les bois avaient été coupés en respectant certaines règles et certaines qualités.

Ce qui n’est plus le cas maintenant où le bois était un arbre avec ou sans feuille hier, aujourd’hui, il est un piquet et demain ce piquet sera en terre. Pour arriver à la parcelle, ce dernier aura parcouru quelques milliers de kilomètres en camion.

Sa durée de vie ne sera que de quelques années car en ne respectant rien du vivant même pas la parcelle de vigne, il faudra le renouveler rapidement ; voire même renouveler la vigne avant sa pleine maturité.

Heureusement, cette filière arborera un logo attestant qu’elle durable et écoresponsable. Soit…

Ainsi va notre société.

A notre petit niveau, nous avons un autre raisonnement. La biodynamie, c’est avant tout une philosophie de vie qui impacte sur notre quotidien dans tous ses aspects ; bien au-delà du simple pied de vigne.

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